Sans une lecture commune, je n’aurai pas envisagé de lire ce livre pour plusieurs raisons : d’une part, je suis assez inspiré par les couvertures, et celle-ci ne m’attirait pas car me faisait penser à de la littérature jeunesse et manga (les couvertures anglaises sont plus sympas) ; d’autre part, le résumé ne m’inspirait pas, j’ai vu dans les commentaires que je n’étais pas la seule à ne pas avoir été accrochée par le résumé ; et puis le style fantasy (ou science-fiction) j’en ai un peu assez car j’ai ai lu beaucoup il y a quelques années, je trouve que ces derniers mois on en a eu aussi, et je ne suis plus trop dans ce désir-là.
Concernant les personnages, et leur alternance de point de vue, je dirai que l’auteur, par son jeu de regards alternés, a pris le temps de développer chacun d’eux. Je trouve à cela des aspects intéressants et mas j’y ai trouvé certains effets délétères. Ce qui est intéressant, c’est effectivement d’avoir de multiples points de vue et de multiples histoires de vie et personnalité différentes. Or, cela amène un effet de « rupture » à chaque fin de chapitre, on est constamment à passer de l’un à l’autre et ça altère le processus d’identification tout autant que le fait de vraiment entrer dans l’histoire. On s’y sent un peu comme morcelé et cela ne permet pas trop d’éprouver des émotions et ressentis, d’où une lecture que j’ai trouvé de surface et ne m’a pas touchée.
D’autre part, changer de point de vue nuit à l’effet d’attente, car finalement quand un rebondissement, une attente se crée en fin de chapitre, elle a sa réponse dès le début du suivant. Pour exemple, quand Nina est en cellule, elle pense que Matthias a trahi et ressent quelque chose de vif, et là on se retrouve dans les pansées de Mathias et on sait de suite que non… Du coup, on n’attend pas grand-chose, et les quelques émotions qui apparaissent disparaissent presque instantanément.
Je trouve aussi que, d’une manière générale, l’émotion n’est pas très présente ou suggérée. L’auteure déplie beaucoup d’action, une trame en ce sens, l’histoire passée des personnages, mais côtés sentiments ils sont juste effleurés.
En parlant de l’histoire des personnages, c’est un point intéressant que de savoir d’où ils viennent, comment ils en sont arrivés là, mais revenir alternativement dans leurs passés fait un autre effet de rupture avec le présent et l’intrigue. Du coup, l’intrigue, déjà peu amorcée au début et qui ne m’a pas donné envie d’en savoir le dénouement, est constamment noyée dans tout le reste et , en gros, j’ai eu l’impression du début à la fin de ne rien attendre, juste de lire l’épopée des personnages.
Je regrette aussi que l’auteure nous fasse plonger dans un monde dont elle ne nous donne pas suffisamment les clés pour le ressentir : elle ne relate pas l’histoire qui a amené à cette constitution de la société de cette manière, elle ne décrit pas vraiment la société telle qu’elle est, ni les différentes « peuples », ni d’ailleurs vraiment les lieux. Il y a des éléments disséminés mais insuffisant pour se représenter ce monde, les règles qui le régissent, les problématiques sous-jacentes, les peuples qui le composent, etc.
Sur la fin, j’ai seulement l’impression que cela commence, qu’enfin il y a un prémisse d’amorce sur la psychologie et la dimension émotionnelle des personnages, et notamment de Kaz. Et là, ça s’arrête. Du coup, j’ai l’impression d’avoir lu une introduction très longue d’une œuvre et rien de plus. C’est pour moi une grosse présentation des « acteurs » de l’histoire, dont on retient peu car il y a trop. En ressort, si je devais choisir un personnage, que ce serait Kaz, pour sa part de mystère supplémentaire, son histoire et les symptômes qu’il a développé ensuite, pour sa vision globale et anticipée, et pour toute l’émotion que l’on sent bouillir et que je voudrai voir émerger et exploser. Il serait la seule raison pour moi de tenter le tome 2, mais j’ai grande peur d’être très déçus et de repartir sur un roman long et e surface, sans compter que le coût actuel du tome 2 est rédhibitoire.