Spin T.3, Vortex - Robert-Charles Wilson

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"Je m'appelle Turk Findley et je vais vous raconter ce que j'ai vécu longtemps après la disparition de tout ce que j'aimais ou connaissais." C'est par ces mots que commence le premier des dix carnets lignés trouvés dans le cartable d'Orrin Mather, jeune vagabond interné dans un centre d'accueil de Houston. Ces carnets racontent l'histoire de ce Turk Findley qui, en passant un arc temporel des Hypothétiques, a fait un bond de dix mille ans dans le futur et s'est retrouvé sur Vox, un archipel artificiel sur le point de franchir l'arc pourtant fermé qui fait communiquer Equatoria avec le berceau de l'humanité - une Terre à l'agonie devenue toxique et inhabitable. Pour Sandra Cole, le médecin en charge d'Orrin, ce récit est un roman de science-fiction plein d'élucubrations sur les Hypothétiques et leur nature exacte, mais certains faits contredisent cette confortable théorie, car Orrin connaît bien un monsieur Findley, un trafiquant très dangereux... Suite directe d'Axis, Vortex clôt avec une rare audace la trilogie entamée avec Spin, récompensé par le prix Hugo et le Grand Prix de l'Imaginaire.

Vortex est un roman, assez court (340 pages), qui apporte une explication sur les Hypothétiques: qui ou que sont-ils. C'est un peu déstabilisant d'ailleurs, ils sont ce qui s'approche le plus de la notion de dieu, mais finalement ne semblent être que des machines stupides suivant leurs propres buts obscurs, ignorant totalement les humains dont  la durée de vie est insignifiante par rapport à leur propre existence multi-millénaire et étendue à tout l'univers et au-delà... Tous les humains qui ont la foi en une communication avec les Hypothétiques croient finalement en quelque chose qui n'existe pas et ne peut pas exister...
Décomposé en plusieurs narrations distinctes, le roman est une vraie réflexion sur ce que vaut la vie humaine, une réflexion sur l'identité et la personnalité.
On y retrouve également les pensées chères à l'auteur concernant le devenir de notre planète, et ce que nous sommes en train de lui faire subir.
Un roman humaniste qui clôt cette histoire impressionnante, par un chapitre final assez exigent.

A la fin de cette trilogie je suis partagée

Le premier volet était une oeuvre magistrale : les évènements d'octobre, ou spin répondent à une question existentielle : sommes-nous seuls dans l'univers ? et la réponse est vraisemblablement "NON"

la deuxième question qui se pose est ces êtres "hypothétiques" (le nom est particulièrement bien choisi) sont ils pacifiques ? Et là on ne sait pas vraiment... Quel est le but d'enfermer la terre dans une bulle de temps ralenti au point que 50 année sur terres égalent 5 milliards d'années à l'extérieur du spin ? quand le spin s'arrête, les hommes pensent que la fin du monde est proche, le soleil est vieux et à bout de souffle et pourtant... pourtant la membrane "spin" continue de protéger la terre des radiations et des portes entre des mondes sont apparus, de nouvelles terres habitables par l'homme... qu'en penser ?

les deux volets suivants continuent à s'interroger sur la nature des hypothétiques, qui ne sont rien de ce que les hommes s'imaginent
la réalité étant à la fois plus complexe et plus simple
ils ne seraient que les résidus d'une civilisation biologique apparue (et disparue) il y a des milliards d'année, qu'une sorte de réseau de machines finalement, qui continue d'agir et d'évoluer dans des sphères incompréhensibles pour des esprits humains limités par la courte durée de leur vie

une réflexion profonde sur la religion, les manipulations génétiques, l'épuisement des ressources (on assiste à la fin de la terre à l'atmosphère saturée des hydrocarbones de deux mondes...)
une belle épopée tout de même, même si les deux derniers volets ne sont pas à la hauteur du premier

j'ai cru y déceler des allusions à "Mars la rouge" de kim stanley robinson que du coup je vais relire :-)